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Photo du rédacteurMarion Marten-Pérolin

En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut : l'amour fou

Le roman En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut est truffé de grandes vérités et de petites mensonges. Celui-ci raconte la maladie mentale qui touche une femme. Une femme avec un nouveau prénom par jour... Atteinte de démence, ou plutôt de bipolarité, elle est aussi et surtout une femme et une mère. Elle est amoureuse, folle, de son mari Georges, qui, pendant un temps la soigne avec son amour. Une mère et un père aimants, et hors du commun. Ce livre revient sur la "folie", l'internement, les crises, avec le point de vue de son fils, mais aussi celui de son époux et parle surtout d'amour à la folie, à la vie, à la mort.

En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut : l'amour fou
En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut : l'amour fou

En attendant Bojangles est un des romans les plus recherchés sur internet en 2022. La raison est assez simple, en plus d'avoir remporté le Grand Prix RTL - Lire 2016, le Pris France Télévisions 2016 et le Prix du roman des étudiants France Culture-Télérama 2016, il a été adapté au cinéma en 2022. En tête d'affiche dans le rôle de la mère Virginie Efira et dans le rôle du père, Romain Duris. Un film signé Régis Roinsard.


Voici une sélection de citations du premier roman d'Olivier Bourdeaut qui le dédie à ses parents, les remerciant de leur patience, bienveillance et tendresse, et qui précise un peu plus loin, comme pour se justifier "ceci est mon histoire vraie, avec des mensonges à l'endroit, à l'envers, parce que la vie c'est souvent comme ça."



En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut, citations du roman


Le film est assez proche du roman, et lui rend plutôt honneur à quelques détails près, et j'ai déjà cité de jolies phrases dans mon billet doux sur les citations de films tant j'étais touchée... Et par le jeu d'acteurs, et par la beauté des dialogues et des mots.


Dans ce livre, c'est l'illustration du jeu d'enfant qui consiste à retirer les pétales des fleurs pour connaître la force de l'amour qui nous lie à l'être aimé : on aime un peu, beaucoup, à la folie, passionnément ou pas du tout. Ici on aime à la folie.


Voici des citations à retenir du roman En attendant Bojangles :


"Cette musique était vraiment folle, elle était triste et gaie en même temps, et elle mettait ma mère dans le même état."


"Elle était comme ça ma mère et c'était bien ainsi."


"Monsieur Bojangles, c'était une musique pour les sentiments."


"Les ennemis les plus dangereux sont ceux qu'on ne soupçonne pas!"


"Son allure parfaite aussi était un mensonge, mais quel splendide mensonge."


"Pour elle, le réel n'existait pas."


"Je ne peux pas passer mes journées à vous attendre, je ne peux pas vivre sans vous! (...) D'ailleurs, je me demande bien comment font les autres pour vive sans vous"...


"-Je sais bien que vous m'aimez, mais que vais-je faire de cet amour fou ? Que vais-je faire de cet amour fou ? (...) Cette folie m'appartient aussi."


"Tout est réglé mes amours, j'ai brûlé tous nos souvenirs, c'est toujours ça qu'ils ne pourront pas saisir!... Je n'ai fait que détruire ce que je voulais garder pour moi."

"C'est vraiment différent de pleurer en plein jour, c'est un autre niveau de tristesse."


"De toute façon, j'ai toujours été un peu folle alors un peu plus, un peu moins, ça ne va pas changer l'amour que vous avez pour moi, n'est-ce pas ?"


"-Parlez-lui avec les mains, les yeux et le coeur, c'est encore ce qu'il y a de meilleur pour communiquer."


En savoir plus sur ce roman 🤍


Il y a tant à dire sur ce roman, qui nous trouble par sa sincérité, par ses égarements, par sa fantaisie. Un peu comme la maladie dont souffre la mère. Une maladie mentale, dont on parle peu car tabou ou dont on parle trop, sans la comprendre en utilisant le mot "folie", "folle" à toutes les sauces, surtout lorsqu'il s'agit d'une femme.


Ici je vous conseille de lire Le Bal des folles de Victoria Mas (Prix Renaudot des Lycéens 2019). Mais n'est pas fou qui veut. Celle dont souffre la maman dans le roman, sans vraiment la nommer au fil des pages, est une maladie qui ne se voit pas toujours, qui passe par différentes phases...


Quelle maladie dans En attendant Bojangles ?


Il semble que la maladie dont souffre la femme dans le livre En attendant Bojangles soit la bipolarité, une maladie mentale qui affecte entre 1 et 2,5% de la population française (minimum) selon la Haute Autorité de Santé (HAS).


Voilà. La maman aux prénoms et aux états changeants alterne en effet des phases d'euphorie (épisodes maniaques) avec comme une perte totale de la réalité et des phases de dépression ou encore de violence (dépressifs). "Hystérie, bipolarité, schizophrénie, les médecins l'avaient accablée de tout leur savant vocable pour désigner les fous à lier", seule citation sur le "diagnostic" des médecins. Et voici la définition fataliste, déterminante et désespérante (pour les patients comme pour les proches) proposée par la Haute Autorité de Santé :


"Le trouble bipolaire est l’une des pathologies psychiatriques les plus graves, qui conduit à des tentatives de suicide : 1 malade sur 2 fera au moins une tentative de suicide dans sa vie et 15 % décèderont par suicide. (...) Le trouble bipolaire alterne des épisodes maniaques ou hypomaniaques (agitation, élévation de l’humeur, idées de grandeur) et des épisodes dépressifs avec des moments de rémission. Cette maladie entraîne pour le patient une vulnérabilité chronique et reste diagnostiquée trop tardivement. En plus de favoriser les risques associés à la maladie comme le suicide, les hospitalisations ou les comorbidités, un diagnostic tardif peut également avoir des conséquences désastreuses sur la vie sociale, familiale et professionnelle des patients."


Mais la réalité de cette femme et de cette famille, pleine d'amour, n'en est pas moins belle. Les histoires de cette maman qui se raconte, qu'elle raconte, sont d'une douceur terrible dans ce roman. Et elle mène une lutte acharnée contre la maladie pour garder ce qui est plus précieux à ses yeux : son mari et son fils : l'amour.


Dans cette même thématique, je peux également vous évoquer deux autres livres. Le premier est un témoignage poignant de Delphine De Vigan : Rien ne s'oppose à la nuit, qui évoque la maladie, ses épisodes, qui ont mené au suicide de sa mère en cherchant une explication à ce geste dans l'histoire familiale. L'autrice a reçu de nombreux prix littéraires pour ce livre : le Prix du roman Fnac 2011, le Prix Renaudot des lycéens 2011, le Prix roman France Télévisions 2011 et le Grand prix des lectrices de Elle 2012).


Il y a aussi ce livre qui nous place "dans la tête d'un bipolaire", L'intranquille du peintre Gérard Garouste. Il y évoque ses émotions, ses sensations lors d'une crise aiguë.

Qui est l'Ordure dans En attendant Bojangles ?


Dans Bojangles, plusieurs personnages sont importants, et l'Ordure en fait incontestablement partie, même si son surnom ne lui fait pas honneur, il est très aimé par la famille. Un personnage un peu loufoque, comme tous ceux de ce roman. Lui qui attend aussi son amour et ne cesse de l'appeler, de crier : "Caïpirowska, Caïpirowska !" Il s'agit d'un sénateur qui aide la famille à s'enrichir, et qui est toujours là pour eux... car ils sont devenus sa famille et lui la leur.


Qui est Mademoiselle Superfetatoire ?


Parce qu'elle "ne sert à rien", Mademoiselle Superfétatoire est ainsi surnommée. Rescapée et soignée par Camille lors d'un voyage, il s'agit d'un oiseau, une grue Demoiselle de Numidie. Elle tient une place importante dans le livre car sa présence confère à l'irréel, au fantasque de cette famille qui n'ouvre jamais le courrier, qui organise des soirées hebdomadaires, qui n'a pas vraiment de mesure...


Mais avoir de la mesure, ma foi, peut être fort ennuyeux et pas forcément "frappé au coin du bon sens"... Faut-il être "comme tout le monde", commun, grossier, cocher des cases pour être heureux, ignorer la souffrance des autres ? la question se pose, même si le prix à payer pour vivre avec une personne malade est hors de prix.


Alors autant danser en attendant le retour de Bojangles et écouter Nina Simone et chanter à tue-tête... encore et encore sans jamais s'arrêter, comme des fous.



Ps : j'avais dans la tête un roman d'amour fou, avec un couple aussi beau que celui-ci, je voulais raconter une histoire vraie truffée de mensonges, c'était celle-là... Tout est si juste dans ce roman. 🤍🤍🤍


Et si vous avez été jusqu'ici voici deux chansons sur la folie que j'aime beaucoup, celle de Beau la folie de Lomepal et Fou de l'Impératrice.

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