L'Armée des ombres de Joseph Kessel, résistance pour l'humanité
- Marion Marten-Pérolin
- 13 août 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 janv. 2024
L'Armée des ombres de Joseph Kessel écrit en 1943 est un livre incontournable sur la résistance en France occupée pendant le Seconde Guerre mondiale. Dans ce texte, l'auteur nous parle des réseaux de résistants qui sont prêts à donner leur vie pour ne pas vivre dans la barbarie nazie. Un éveil des consciences qui nous rappelle également les collaborateurs et les officiers français zélés.

L'Armée des ombres de Joseph Kessel est un livre qui vous met une claque. Cet auteur, qui était également journaliste et membre de l'Académie française, a publié ce texte, en pleine guerre mondiale. Il nous laisse un puissant témoignage de ce qu'a coûté la résistance aux hommes et aux femmes qui oeuvraient contre l'Allemagne d'Hitler.
Clandestinité, arrestations, torture, changements d'identité, assassinats, deuil... Il s'agit d'un livre à lire de toute urgence et à mettre sur toutes les listes de lecture. Il a également été adapté au cinéma par Jean-Pierre Melville avec des acteurs, notamment Simone Signoret et Lino Ventura.
Quand se passe L'Armée des ombres de Joseph Kessel ?
L'intrigue se situe globalement 1943. En pleine guerre mondiale. A ce moment, les personnages sont soient en résistance, soient dans des camps, soient fusillés... Communiste ou pas, résister était une action commune qui réunissait tout type de personnes. Du boulanger, au coiffeur, mais il fallait le faire en toute discrétion afin d'éviter les gros ennuis.
Dans ce texte, il est question de l'approvisionnement du réseau, de sa gestion, de son Patron, de ses membres, et de l'énergie qui les poussent à agir. La haine de l'Allemand nazi est profonde. Face à la barbarie, ils répondent par des actions ciblées. Ils tuent "des Boches." Un texte plein de violence, sur les assassinats, sur ces soldats de l'ombre qui ont combattu pour l'honneur et surtout pour l'humanité.
Joseph Kessel nous parle des planques, des logements de fortune, des disparitions, des soutiens de policiers... dégoutés d'obéir à des ordres iniques. Car on porte ensuite en soi la responsabilité du mal que l'on fait à autrui. Le personnage du policier, Leroux, qui vomit de honte et tente de se suicider lorsqu'il se rend compte du sort que réservent les SS aux personnes arrêtées est certainement un des personnages qui nous réconcilie avec l'Histoire. Car combien de collabos ? Et combien de résistants ?
L'Histoire est toujours complexe, avec le recul du temps... Mais il faut bien dire qu'il s'agit d'une abomination et qu'on ferme trop souvent les yeux sur des atrocités qui devraient être arrêtées coûte que coûte. Ce qu'il faut de courage pour se battre contre le Mal absolu.
Pensons ici à d'Hannah Arendt qui dénonce la mystification du mal en s'appuyant sur le procès d'Eichmann, l'inventeur de la solution finale. Petite citation d'une interview de la philosophe juive pour ne jamais oublier :
"La dictature est limitée dans le temps, la tyrannie ne l'est pas." Hannah Arendt
Et même si l'on connaît la tyrannie, et qu'on la combat, cela n'a jamais empêché un tyran de devenir un tyran... A travers son texte, l'autrice et journaliste voulait "détruire la légende de la grandeur du mal, de la force démoniaque" en finissant par le traiter, de clown, car aucun homme qui fait le mal n'est un homme digne de respect. Elle évoque aussi la criminalisation dans le monde politique, que nous devrions regarder d'un peu plus près aujourd'hui...
Qui est Gerbier dans L'Armée des ombres ?
Gerbier est un des membres du réseau de résistants présentés dans le livre l'Armée des ombres. Il fait partie des résistants de la première heure et des membres les plus importants. Dans le film, il est incarné par Lino Ventura.
Qui est le narrateur de L'Armée des ombres ?
Philippe Gerbier est le narrateur du récit. Même si parfois, j'ai l'impression d'avoir directement lu le témoignage de Joseph Kessel.
A travers ses actions, ses relations, il tient minutieusement des notes sur les difficultés et les réussites de la résistance. Sur des choix difficiles. Au moindre doute, il faut agir pour protéger le réseau. La Cause l'emporte sur l'affect.
Dans la préface, Joseph Kessel nous dit que "tout ce qu'on va lire ici a été vécu par des gens de France." Il interpelle le lecteur, ici, il n'est pas question de propagande, il s'agit de dire la vérité à travers un livre. "Je voulais tant dire et j'ai dit si peu" pour protéger la cause, justement. La sécurité est au coeur des préoccupations et le principal obstacle. Ce qui nous glace : "on meurt et on tue avec naturel."
Pourquoi lire L'Armée des ombres ?
Il y a tant de raisons de lire ce livre. Vous pouvez tout d'abord le faire pour mieux comprendre l'histoire française. Vous pouvez également lire L'armée des ombres pour découvrir la plume de Joseph Kessel, je n'ai lu que Le lion qui fait partie de mes romans préférés depuis que je suis ado. Vous pouvez également le faire pour mieux comprendre la résistance. Bref, je vous recommande ce livre qui mettra peut-être à terre certaines certitudes... ou à défaut de regarder le film (ou les deux).
Citations de L'Armée des ombres de Joseph Kessel
Pour vous imprégner de l'écriture de Joseph Kessel, voici quelques citations du livre L'armée des ombres.
"Si tu pouvais avoir la foi, tu ne serais pas malheureux parce que tu ne serais plus révolté."
"Toutes les dettes se payeront."
"On ne lâche jamais un camarade chez nous dans la résistance."
"La résistance, tu entends ? dit encore Gerbier. Endors-toi avec ce mot dans la tête. Il est le plus beau, en ce temps, de toute la langue française."
"Vraiment, rien ne les forçait au combat, rien que leur âme libre."
"Quand tout semblait perdu, l'Angleterre a été le seul foyer d'espérance et de chaleur. C'était pour des millions d'Européens dans la nuit le feu de la foi."
"Les traîtres dont on connaît les visages sont moins dangereux."
"Ça ne sert à rien de se détruire. On peut essayer de réparer."
"Il existe des policiers français dont l'acharnement est égal à celui des Allemands."
"Et Leroux me parle de la brigade 'antiterroriste' de Paris affectée à la chasse des communistes et dont les agents sont fiers d'avoir plus d'imagination pour les tortures que la Gestapo."
"La haine est une entrave pour penser librement."
"J'aime les hommes, tout simplement. Et si je me suis mêlé de toutes nos histoires, c'est seulement contre la part inhumaine qui existe chez certains d'entre eux."