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Photo du rédacteurMarion Marten-Pérolin

La petite fille sur la banquise d’Adélaïde Bon: autobiographie sur le viol

Le viol est un fléau et les victimes, brisées dans leur intimité, ne s’en remettent pas toujours. Pour se protéger, le cerveau disjoncte pendant l’agression. La dissociation rend parfois impossible le travail de mémoire. Difficile alors de faire le tri dans les cauchemars, les réflexes de défense et ce traumatisme, surtout lorsqu’il est arrivé pendant l’enfance. Le texte d'Adélaïde Bon revient sur un de ces événements terribles... et donne un peu d’espoir.


La petite fille sur la banquise d’Adélaïde Bon: autobiographie sur un viol
La petite fille sur la banquise d’Adélaïde Bon: autobiographie sur un viol

La petite fille sur la banquise d’Adélaïde Bon est un texte autobiographique extrêmement bouleversant. Ce livre revient sur un épisode traumatique : une agression sexuelle, un viol. Commis sur une petite fille de moins de 10 ans, l’acte aura des répercussions terribles sur la vie de la femme adulte.


Allant de rendez-vous médicaux en rendez-vous médicaux, faisant l’expérience de l’oubli du traumatisme, comme s’il n’avait jamais eu lieu, elle grandit avec un sentiment étrange que quelque chose lui est arrivé dans une cage d’escalier. Il n’en faut pas plus au lecteur pour comprendre l’horreur du récit et l’urgence de lever le voile sur l’étendue des dégâts de ces agressions sexuelles, sur les enfants, sur les femmes et parfois aussi sur des hommes.


Ce qui est très intéressant dans ce texte, c’est la recherche de l’autrice, par l’écriture et les soins médicaux, de son passé. Pour comprendre le traumatisme, il faut se faire violence. Le viol est tellement incompréhensible, qu’on invente parfois une autre histoire, qu’on évite le sujet, mais il revient toujours nous hanter, parfois dans le monde éveillé, souvent dans le sommeil.



La petite fille sur la banquise d’Adélaïde Bon, mon avis de lecture


Ce livre est magistral. Pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, il est très courageux de prendre la plume pour porter à la connaissance du monde un tel événement. Il est remarquable que l’autrice, qui nous raconte aussi le procès de l’agresseur, du violeur amateur de petites filles, du pédophile, le fasse avec finesse, sans tomber dans le gore ou la violence. Les mots sont pesés. On sent la difficulté de l'exercice, l’urgence de raconter aussi.


Difficile de mettre des mots sur un événement que le cerveau se fait violence à oublier. Difficile d’accepter l’épreuve et ses conséquences. Difficile aussi de s’ouvrir, de se confier.

L’écrire, c’est le rendre réel. Le décrire, c’est aussi apprendre à vivre avec. Déceler les comportements à risque, les systèmes de défense, le rejet, les cauchemars...


Le viol nous laisse souvent avec des questions. Une petite fille violée n’a pas les mots pour comprendre ce qui lui arrive. C’est un cataclysme qui aura des répercussions plus tard. La vie reprend.


Avec ce texte, l’autrice nous offre un témoignage sensible. Nous fait confiance. Elle nous fait l’honneur de nous confier son terrible secret, et révèle les mécanismes de défense du cerveau en cas de traumatisme. La définition proposée du syndrome de stress post-traumatique nous en apprend également plus sur le chemin de la reconstruction.


Reprendre le pouvoir de la narration de l’événement, retrouver sa voix, c’est un travail éprouvant, mais salvateur. Un grand bravo à l’autrice et tout mon soutien.

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