La Porte de Magda Szabó, écrit en 1987, est un magnifique roman hongrois. Celui-ci a obtenu le prix Femina étranger en 2003 puis a été élu meilleur livre de l'année 2015 par le New York Times. Une pépite littéraire bouleversante avec des personnages des plus attachants. Voici des citations choisies et un avis de sur cette lecture merveilleuse.
Je suis triste, très triste. Lire ce roman m'a profondément bouleversée. J'ai le coeur en miettes. Un peu comme Juliette Armanet lorsqu'elle chante "Michel", une chanson dédiée à Michel Legrand qu'elle aimait profondément. Comme la chanteuse (dont le concert était littéralement du feu), je suis un peu fâchée contre Emerence, un des personnages principaux du roman "La Porte" de Magda Szabó. Mais je ne vous dirai pas pourquoi je suis fâchée, vous devrez le découvrir en lisant ce sublime texte.
Je ne pouvais pas lâcher ce livre, et en même temps, je ne pouvais pas avancer aussi vite que je le souhaitais car je savais ce qui allait arriver et je ne le voulais pas. Ce livre, je l'ai trouvé magnifique, tout simplement. Il existe des livres comme ça, qu'on voudrait ne jamais terminer, qu'il fasse toujours partie de notre vie, comme Emerence, ce personnage qui semble immortel tant elle a de caractère et de force.
Un roman sur une relation complexe entre deux femmes
Ce roman fait partie des recommandations de lectures d'Alice Zeniter dans "L'autre moitié du monde" (raison pour laquelle il était dans ma liste de lecture). Un livre qui revient sur la place des femmes dans la littérature et les modèles proposés par les grands auteurs. Et ce n'est pas pour rien qu'elle cite "La Place" dans ses références de modèles féminins dans la littérature, car Emerence est un sacré personnage! Selon elle, ce qui est touchant dans cette intrigue, c'est le confit qui existe entre les personnages qui pourtant "essaient de bien faire, essaient d'entendre l'autre, de le laisser exister au lieu de s'arc-bouter sur des postures antagonistes", écrit l'autrice qui relit régulièrement ce roman. Elle le résume certainement mieux moi, alors je vais la citer.
"Ce livre, traduit par Chantal Philippe, est entièrement construit autour de la relation entre deux femmes : la narratrice, une écrivaine bourgeoise et Emerence, la concierge de l'immeuble. (...) Ce que raconte le roman, tout du long, c'est une relation entre deux femmes, infiniment plus complexe que la compétition ou la lutte. C'est l'histoire d'un amour qui n'est pas vraiment filial, pas vraiment amical, qui se construit peu à peu, par des actes discrets ou dans d'intenses moments de crises, un amour qui se fige parfois, qui recule brusquement, se lasse par instant et s'émerveille de lui-même à d'autres."
C'est un livre que j'ai aimé lire, à chaque instant. Même si j'ai beaucoup pleuré, tout du long. Car on s'attache aux personnages, on les idéalise aussi parfois. Ils viennent combler un vide en nous, celui laissé par des personnes qu'on aimait, ou nous rappellent des évènements vécus. Ce que nous enseigne Emerence n'a pas de prix, c'est la foi, l'entraide, malgré les drames, l'abnégation et l'amour inconditionnel, qui s'impose et qui ne se dompte pas. J'ai sélectionné des citations qui m'ont marquées... pour les imprimer en moi.
Citations du roman "La Porte" de Magda Szabó
"Je n'ai pas écrit ce livre pour Dieu, il connaît mes entrailles, ni pour les ombres, elles sont témoins de tout, me surveillent à chaque instant, éveillée ou endormie, mais pour les hommes."
"Je n'aime pas mes propres secrets, encore moins ceux des autres."
"Quand le temps change brusquement, le soleil sort des nuages gris, mais jamais d'une manière aussi inattendue, si contraire à la logique."
"L'affection est un engagement, une passion emplie de risques et de dangers."
"Aujourd'hui, je sais ce que j'ignorais alors, l'affection ne peux s'exprimer de manière apprise, canalisée, articulée, et je n'ai pas le droit d'en déterminer la forme à la place de quelqu'un d'autre."
"Les choses doivent se passer comme il faut, même la mort."
"Celui qu'on ne peut pas aider, c'est qu'il n'a pas besoin d'aide, si elle en avait assez de la vie, personne n'avait le droit de la retenir."
"L'écriture n'est pas un maître facile, les phrases laissées en place ne peuvent jamais être reprises avec la même qualité, la nouvelle formulation s'écarte de la ligne du texte dont plus rien ne garantit alors la tenue."
"-Ils veulent la paix, vous le croyez? Moi pas, qui achèterait les fusils, quelle raison donnerait-on pour pendre ou piller, et d'ailleurs si le monde n'a jamais connu la paix universelle, pourquoi devrait-il la connaître aujourd'hui?"
"Je n'ai besoin de personne s'il n'est pas entièrement à moi."
"Lorsqu'on commet l'impardonnable, on ne s'en rend pas toujours compte, mais quand on l'a fait, quelque chose en nous le sait. Je me suis dis que cette tension en moi était due au trac, mais c'était le remords."
"Plus une chose est simple, moins elle est facile à partager."
"Quand on a le coeur percé d'une lame acérée, on ne s'effondre pas aussitôt."