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Photo du rédacteurMarion Marten-Pérolin

Les carnets d'Orient et d'Algérie de Jacques Ferrandez: l'histoire du pays en BD

Plongez dans l'histoire à travers Les carnets d'Orient et d'Algérie de Jacques Ferrandez. Des bandes dessinées riches en couleurs et en informations sur des moments complexes du pays, qu'il s'agisse de la colonisation, de l'indépendance, de la décennie noire ou encore de l'occupation turque. L'auteur revient sur des épisodes marquants et sur les idées reçues à travers des planches magnifiques.

Les carnets d'Orient et d'Algérie : l'histoire en BD par Jacques Ferrandez
Les carnets d'Orient et d'Algérie de Jacques Ferrandez: l'histoire du pays en BD

Toute personne qui s'intéresse à l'histoire algérienne doit lire ces carnets. Tout d'abord, pour le style de Jacques Ferrandez qui a également adapté en BD des oeuvres d'Albert Camus, L'étranger, L'hôte ou encore Le premier homme. Son style est incomparable. Les couleurs sont douces, le trait est sûr. Ensuite pour les textes qui sont quant à eux très intéressants, notamment visuellement, avec l'usage de deux calligraphies différentes, une pour les échanges en arabe et l'autre pour le français. Son univers graphique et le thème font voyager. Embarquez avec moi pour remonter dans le temps avec Les carnets d'Orient et d'Algérie de Jacques Ferrandez.


Le patron
Le patron

Les carnets d'Orient et d'Algérie de Jacques Ferrandez


Jacques Ferrandez a publié 4 carnets qui couvrent l'histoire algérienne de 1830 à 2019. Dans le premier titre, Carnets d'Orient, le lecteur de plonge dans l'histoire de 1830 à 1954, c'est-à-dire avant la guerre d'Algérie durant la colonisation. La suite prend le titre de Carnets d'Algérie passe de 1954 à 1962, c'est-à-dire pendant la guerre d'Algérie. Ce tome est assez dur à lire, je vous préviens. Mettre en images une guerre n'a rien de doux ou de mignon.


La suite s'intitule "Suites Algériennes" (en deux tomes) et revient sur la période assez longue de 1962 à 2019. A travers ces décennies, l'auteur retrace l'évolution du pays, qu'il s'agisse de la montée en puissance du FLN, de l'indépendance, de l'OAS ou encore de la décennie noire (guerre civile dans les années 1990).


Ce qui est intéressant avec ces bandes dessinées, c'est qu'elles ne jugent pas, elles montrent l'histoire et sa complexité. Les différents camps opposés pendant la guerre y trouvent une voix. Rien ne justifie les horreurs de la guerre. Rien ne justifie que la France ait traité ainsi tout un peuple. Rien ne justifie le racisme. Rien ne justifie les massacres commis par des Français, mais aussi par des Algériens. Rien ne justifie les violences, les viols, les mutilations, la torture. Rien ne justifie et pourtant : cela a bien eu lieu et cela fait écho à d'autres guerres : l'armée française avait déjà abandonné des supplétifs avant les harkis (puis elle l'a refait en Afghanistan). C'est à se demander ce qui cloche chez les Hommes...


Il existe d'autres bandes dessinées pour comprendre l'histoire algérienne. Vous pouvez par exemple lire :

  • Algériennes, 1954 - 1962, Meralli - Deloupy, 2020

  • Les pieds-noirs à la mer, Fred Neidhardt préfacé par Joann Sfar, 2013

  • Histoire dessinée de la guerre d’Algérie, Benjamin Stora et Sébastien Vassant, 2016

Ce qu'il faut comprendre avec ces lectures, c'est que les femmes aussi ont joué un rôle pour libérer leur pays, que les soldats français aussi ont été malmenés par le gouvernement, que les pieds-noirs n'étaient pas les bienvenus en France (où pouvaient-ils aller ?), que tout est beaucoup plus emmêlé qu'on ne le croit et que toute cette sale guerre est une véritable déchirure dans les coeurs. Le mal qui a été fait remonte toujours à la surface, par exemple avec la découverte en 2023 d'un cimetière sauvage d'enfants de harkis en France.


Des histoires, il en existe des milliers. Des disparus, des secrets d'Etat, des victimes, des bourreaux... Pour comprendre, il faut un bon niveau d'informations et laisser les préjugés de côté. Il faut rester factuels, autant que possible... car on ne peut pas rester de marbre à la lecture de telles atrocités.


Pour conclure, et parce que j'aime beaucoup les citations, en voici quelques-unes :


"La vérité, souvent, est dans le roman".


"On évoque parfois le désenchantement algérien et son versant, l'espoir admirable, mais c'est peut-être plus abyssal : c'est un pays qui ne sait pas différencier la naissance et la mort." Préface de Kamel Daoud.


"La mère est au-dessus de toute justice : qu'est-ce que la justice humaine devant l'amour maternel ?"

"On peut toujours remonter la violence à la conquête et à la colonisation française, mais ce n'est pas l'origine de tout."



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