Les Couilles sur la table de Victoire Tuaillon est un essai féministe qui traite des masculinités. L'autrice interroge sur la virilité, sur les conventions masculines, qui sont souvent violentes, pour les hommes, mais aussi pour les femmes. Adapté de son podcast où elle reçoit philosophes, auteurs et sociologues, ce livre propose un nouveau regard sur ce que signifie "être un homme".
Difficile de ne pas être prise de vertige en lisant Les Couilles sur la table de Victoire Tuaillon. Le sujet est brûlant, dérangeant, mais son traitement est nécessaire. D'où vient cette violence qui oppose trop souvent les hommes aux femmes, et les hommes entre eux. Quelle est cette quête de virilité qui poussent de nombreux hommes à la violence, au viol ?
Victoire Tuaillon apporte ici des éclairages, avec des grands noms du féminisme : Manon Garcia, Gloria Steinem, mais aussi des hommes qui prennent le micro pour répondre aux questions et faire avancer le débat. Des témoignages d'auditeurs permettent également de se rendre compte de l'impact de la violence sur la vie des uns et des autres. Sur la banalisation des violences. Sur la culture de violence dont on hérite, depuis des siècles. Un texte difficile à lire, notamment le chapitre sur la violence, mais essentiel. Il est essentiel de s'interroger sur le rapport aux autres, à la violence, à la virilité et de rompre avec de mauvaises pratiques qui nuisent aux femmes et aux hommes pour des relations plus saines...
Les Couilles sur la table de Victoire Tuaillon : de quoi parlons-nous ?
Dans ce texte, il est question de féminisme, mais pas que. Avec une approche féministe, qui pose des questions, qui alerte, qui compare, Victoire Tuaillon s'en prend aux masculinités, car on ne naît pas homme, on le devient. L'apprentissage pour être un homme passe souvent par de la violence. Une violence que l'on retrouve ensuite dans les attitudes ou dans les actes. Le pire est que certains hommes ne se rendent pas compte de leur violence et plus grave, que d'autres la justifient en blâmant l'autre, souvent la femme.
L'idée de cet essai féministe n'est pas de dire que tous les hommes sont violents. Que les relations homme/femme sont vouées à toujours être inégales. Non. L'idée est de poser des questions, en se basant sur des faits, et de faire évoluer la question du genre et d'apaiser les relations. L'expression "les couilles sur la table" est une provocation, comme "porter ses couilles", qui signifie familièrement "se montrer courageux". L'autrice s'explique sur ce choix, qui est souvent taxé de vulgaire, mais qui interpelle et marque les esprits.
Posons les couilles sur la table et faisons le tour des extraits de cet essai, que j'ai trouvé riche, un peu dur à lire en raison de l'écriture inclusive, mais ô combien important. Je vous invite éventuellement à le découvrir en podcast.
Voici les grands thèmes abordés dans le livre :
La construction de la masculinité
Les privilèges des hommes (blancs notamment)
L'exploitation des autres (surtout les femmes)
La violence (et le viol)
Les esquives pour remettre de l'ordre dans tout ça
On parle de charge mentale et de travail émotionnel, de standards néfastes, de virilité, de modèles, de responsabilités, de contraception, de rapports sexuels, etc. Des thèmes importants à étudier de plus près pour ne pas se retrouver dans une situation inégale et toxique, que ce soit au travail ou dans la sphère intime. Car le monde reste encore pensé pour des hommes par des hommes, avance l'autrice.
Citations du livre Les Couilles sur la table de Victoire Tuaillon
"Je suis féministe, c'est-à-dire : je crois à cette idée révolutionnaire que les femmes sont des êtres humains. Je veux, et je crois que c'est possible, que quel que soit notre genre, nous puissions mener des vies libres et heureuses, à égalité."
"C'est justement parce que j'aime les hommes, que je crois en la possibilité de vivre des relations égalitaires, que je suis féministe. Ce n'est pas une guerre entre les femmes et les hommes, au contraire : en luttant conte le sexisme, le féminisme est peut-être notre seul espoir de rendre la vie ensemble vivable. Sans que personne ne domine l'autre."
"S'intéresser aux masculinités, retourner le regard, c'est donc aussi remettre en question notre économie, nos institutions politiques, judiciaires, médicales, autrement dit, nos structures de pouvoir."
"On apprend aux garçons qu'ils doivent désirer ce qu'on leur a d'abord appris à mépriser."
"Etre la norme, c'est un privilège. Etre la norme, c'est ne jamais avoir à se remettre en question. C'est naître et vivre avec un sentiment de légitimité tranquille. C'est évaluer le monde selon sa propre perspective et la croire toujours objective."
"Au nom d'un idéal, l'homme refuse de questionner une situation qui l'avantage objectivement."
"Une étude terrifiante montre que les femmes ont sept fois plus de risques d'être abandonnées par leur conjoint quand elles ont un cancer (21% des cas) que les hommes par leur conjointe quand ils sont dans la même situation (3% des cas)."
"La sollicitude, la tendresse, l'attention sont des possibilités humaines que tout le monde gagnerait à développer."
"Au Moyen Âge, en France, des bandes de jeunes se livraient à des sortes de compétition pour violer ensemble le plus de femmes possible, performance qui leur permettait de se mesurer entre eux, sans aucun risque d'être punis, évidemment, tant la honte et les risques pour leurs victimes étaient grands."