Ah le féminisme, quel mot désuet, n'est-ce pas ? Et ces femmes, toutes des hystériques qui vont trop loin avec des revendications d'un autre temps. Après tout, elles ont enfin le droit de vote, un compte bancaire, le droit d'avorter, de quoi se plaignent-elles ? Peut-être qu'on oublie trop souvent les combats menés pour obtenir des droits encore fragiles. Parce qu'on a vu qu'on pouvait, en changeant d'ère, enterrer les droits des femmes qu'on a très longtemps jugées comme inférieures aux hommes, physiquement et mentalement. Voici un essai d'histoire de Titiou Lecoq sur les grands noms des femmes oubliées de la Préhistoire à nos jours.
Préjugés, préjugés, vous êtes si coriaces. Prenons d'entrée de jeu un exemple pour illustrer ce billet avec un illustre personnage : Eric Zemmour. Pour lui, qui le répète souvent en interview ou qui l'écrit carrément noir sur blanc dans des livres, les femmes n'incarnent pas le pouvoir et pis, il affirme que le pouvoir est un signe de virilité qu'on ne peut attribuer aux femmes, et donc qu'aux hommes. Alors là, on a le droit à deux affirmations incroyables : la première sur les femmes incapables de gouverner et la seconde la définition de monsieur sur la virilité.
Dans cette interview lunaire sur BFM TV, le politicien, journaliste, écrivain et polémiste démontre toute sa misogynie face à Ruth Elkrief, qui selon lui est incapable d'avoir du pouvoir et a une intelligence limitée par rapport à lui. Cet homme des plus charismatiques et qui doit correspondre parfaitement à ce qu'il appelle la "virilité" a également affirmé que les grands génies sont des hommes, pas des femmes, véhiculant ainsi une discrimination mondialement adoptée, depuis des siècles et ce, grâce à l'effacement des femmes par des hommes. Lui n'est qu'un de plus à diffuser cet effacement. Dans un de ses livres, il définit même les femmes comme des butins pour l'appétit sexuel des hommes. Quel génie, effectivement.
C'est lui faire beaucoup d'honneur de le citer, mais il s'agit d'un exemple de misogynie et de méconnaissance de l'histoire, lui que l'on présente souvent comme un grand érudit. Il véhicule des préjugés, sûr de sa supériorité intellectuelle sur tout le monde et surtout sur les femmes. Le plus grave est de le laisser exprimer ce discours discriminant dans les médias ou ailleurs. Et là, je parle des femmes, mais évidemment, avec son "grand remplacement" il diffuse une haine de l'autre très inquiétante.
La société fabrique l'oubli des femmes
A la télé, dans certains journaux, dans les films, sur les réseaux sociaux, etc., on se rend compte de la fabrique du mensonge, notamment de la fabrique de l'oubli des femmes, cette grande incapable, ces femmes objets, butins de guerre, dont l'intelligence n'est pas au niveau de celle des hommes, leur crâne étant un peu plus petit peut-on lire dans certains textes. Incapables de subvenir elles-mêmes à leurs besoins, elles ont besoin d'un homme, et quel homme ! L'homme viril qui a besoin de pouvoir, d'armes et de sa sexualité débridée pour être rassuré de sa place dans le monde qu'il construit. Quel monde ! Un monde à son image sans place pour l'altérité. Et on sait ce qu'on fait à ceux qui ne nous ressemblent pas, que ce soit aux US (lisez Martin Luther King, de grâce), en France comme ailleurs. Il suffit de se pencher sur les génocides qui ne sont pas rares pour comprendre où nous mène cette pensée : à la violence.
Nier l'intelligence de quelqu'un, le rabaisser, c'est d'une part lui faire offense, mais ça à la rigueur on peut s'en remettre, mais c'est aussi justifier qu'on s'en prenne à lui et nier ses droits de personne, de citoyen. Et ça, c'est beaucoup plus grave.
Prenons un autre exemple, dans notre chère démocratie. Les femmes doivent constamment se justifier et montrer qu'elles méritent leur place. Et dans l'hémicycle, elles font l'objet de remarques sexistes à répétition. Pour quelle raison ? Ces mecs qui sont si supérieurs ont oublié leur politesse sur le trottoir. Voici une petite vidéo de l'INA sobrement intitulée "L'Assemblée nationale, arène de sexisme" qui nous montre que, quand même, ces mecs ce sont vraiment des génies, de la bêtise et de la goujaterie. Et cela, dans les plus hautes institutions... Donc bon, y'a du boulot.
Le féminisme, un combat de tous les jours
Alors le féminisme, ce n'est pas une idée qui corrompt l'esprit des femmes et les enrage, c'est une absolue nécessité. Ce qui m'épate, d'ailleurs, c'est cette aisance qu'ils ont à se sentir légitime pour dire de telles âneries à une autre personne. Ils sont tellement rassurés sur leur place dans la société qu'ils osent tout. C'est à ça qu'on les reconnait. Voilà en guise d'intro de l'essai de Titiou Lecoq, "Les grandes oubliées - Pourquoi l'Histoire a effacé les femmes" publié par la maison d'édition L'Inonoclaste.
L'autrice Titiou Lecoq nous propose un grand plongeon dans l'histoire depuis la Préhistoire jusqu'à nos jours en nous racontant l'évolution de la condition féminine à travers des siècles et des siècles. Ce qu'on retient ? Que nos droits, ne sont pas des acquis. Alors oui, ce serait plutôt de bon goût d'inscrire certains de ces droits dans la constitution, histoire de ne pas nous considérer uniquement comme des génitrices en cas de besoin, car ça s'est déjà vu en France ou ailleurs dans le monde.
Voici un texte exceptionnel sur les grandes oubliées de l'histoire, ces femmes effacées des manuels scolaires et que peu d'hommes (ou de femmes) citent sur les plateaux tv. Ça ferait tâche. Et puis ça demande de "déconstruire" cette vision tronquée sur toute une moitié de l'humanité qui a déjà bien de la chance d'avoir un job, d'être élue, de courir le marathon, de passer le bac, etc. Et puis, cet effacement est bien commode. Bref, selon moi, la folie n'est pas femme et l'égalité n'est vraiment pas gagnée. L'oppression de toute une partie de la population n'a jamais d'effets positifs sur le long terme, btw. Et je me demande comment on peut aimer sa mère et accepter un tel traitement des femmes.
On adore cette image de mecs qui refusent qu'une femme prenne le départ avec eux pour courir le marathon. Kathrine Switzer est la première femme à le courir à Boston, en 1967. Qu'est-ce qui peut bien déranger les hommes à ce point ? Je suis heureuse d'avoir couru le marathon de Paris en 2019 sans me faire attraper par le pull et heureuse que ma mère ait couru celui de 2005 sans qu'on cherche à lui arracher le dossard. Encore une fois, nos générations ont obtenu des droits qui semblent évidents, mais qui ont été de vrais combats pour d'autres générations de femmes. La preuve pour une simple course.
Perso, je ne comprends vraiment pas cette image. Pourquoi une femme ne pourrait-elle pas participer à une course ? Donc les femmes n'avaient pas le droit de courir, pas le droit d'avorter, pas le droit d'aller chez le médecin sans l'aval de leur mari, pas le droit d'hériter, pas le droit d'être adultère (sinon couic), pas le droit de passer le bac, pas le droit de voter, pas le droit d'exercer certains métiers. Et on se dit que ça a toujours été le cas, mais non. C'est à la Renaissance que les femmes ont perdu le plus de liberté, parce qu'il y a des mecs qui leur vouaient une haine profonde, au bûcher sorcières. Et vive la déclaration des droits de l'homme et du citoyen (mais vous là, les femmes, non, vous n'aurez pas les mêmes droits que. nous, sorry) et surtout : Liberté, égalité, fraternité! Donc je veux bien que certaines femmes ne se considèrent pas comme des féministes et que certains mecs en aient marre de ce mouvement, mais tout de même, il y a long à dire sur les droits des femmes. Et des injustices perdurent, évidemment, même si ça avance : par exemple avec la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé prévue pour octobre 2023.
L'Histoire et la domination patriarcale
J'ai découvert Titiou Lecoq dans un podcast sur la gestion financière au sein du couple, un podcast intitulé "Rends l'argent" disponible sur Slate. Ce podcast, je l'ai écouté à peu près en même temps que je lisais le livre de Matthieu Palain sur les violences conjugales, Nos pères, nos frères, nos amis - Dans la tête des hommes violents, un livre terrible qui raconte la violence de ces hommes envers les femmes. Parce que les femmes, quoi qu'elles fassent, elles dérangent, elles énervent, elles rendent violent : c'est toujours de leur faute quoi.
Pas plus tard, que la semaine dernière, je suis avec ma mère et je traverse un parc en rentrant du marché avec mon petit panier comme le petit chaperon rouge et là, un mec chelou me fait un doigt d'honneur, comme ça gratuit, cadeau. Ce n'est pas le premier. Et ce n'est peut-être pas le dernier. Sans parler de ces mecs qui vous traitent de pute gratuitement dans la rue, ceux qui vous disent que vous êtes folle quand vous n'êtes pas d'accord avec eux, ou qui vous qualifient d'hystérique quand ça les arrange. D'ailleurs, j'adore une scène de Dix pour cent avec Laure Calamy qui s'énerve contre son boss en disant qu'elle n'est pas hystérique, qu'elle est juste en colère. Parce que oui, les femmes peuvent se mettre en colère et ce n'est pas de l'hystérie. Trop facile cet argument.
Pensez à regarder le film avec Angelina Jolie, inspiré d'une histoire vraie, "Une vie volée", vous y verrez ce qu'on a fait aux femmes qu'on jugeait encombrantes. Vous pouvez aussi lire "Le bal des folles", premier roman de Victoria Mas sur les femmes internées à la Salpêtrière. Ce livre a d'ailleurs reçu le prix Renaudot des Lycéens et été adapté en film. Vraiment, il y a du génie dans le mal qu'on inflige à autrui et si on avait inversé les rôles? Tous les hommes à l'asile quand ils nous soûlent. Ce n'est pas gênant comme logique ?
Ne croyez-vous pas qu'il y a un traumatisme collectif dans ce traitement des femmes ? Un traumatisme qui on le sait, se transmet de génération en génération : intérressez-vous un peu à l'épigénétique, je pose ça là. Et ça se transmet aux bébés filles et garçons. Il n'y a pas de différence à ce stade.
Pour en revenir à Titiou Lecoq et son essai historique, on en apprend beaucoup sur cette société patriarcale et sur toutes les lois qui ont interdit aux femmes d'être libres et ce, à différentes époques. Elle émet d'ailleurs l'hypothèse, étayée de plusieurs travaux d'historiens, que la place de la femme n'a pas toujours été à la cuisine, comme certains hommes adorent le dire.
Ce texte est à la fois drôle et riche de références historiques. Il nous remet les idées en place sur la condition des femmes (et celles des hommes) sur des siècles et des siècles et la fabrique d'une aliénation par des hommes qui se construisent sur la haine des femmes. On voit bien que tous n'adhèrent pas à cette pensée, mais elle a eu le temps d'infuser depuis des siècles. Et c'est consternant pour une femme de lire tout ça. On se demande bien pourquoi tant de haine.
Enfin, je ne sais pas si par exemple on disait demain que les hommes sont faits pour être les esclaves des femmes, comme des arbres fruitiers, peut-être qu'eux aussi ils seraient un peu vénères et auraient des revendications. Si un jour on disait par exemple, que seules les femmes sont des génies, si on détruisait les oeuvres des époux pour garder celles des épouses dans les musées, si on leur parlait de leur tenue tous les jours, si on les traitait de pute dans la rue en les sifflant. Si on réinsérait l'article 324 dans le Code pénal en inversant le mot homme par le mot femme : les femmes cocues peuvent tuer leur mari adultère. Peut-être qu'ils se diraient, eux aussi, que le monde ne tourne pas rond? Parce que c'est ça l'héritage des femmes. Une longue oppression, dans la violence. Et pour certains hommes, c'était naturel de les traiter comme ça et ça l'est toujours. Eux les mâles alpha. Toute cette construction ne fonctionne pas, sinon on n'en serait pas là.
Alors, toujours dans en inversant les rôles, imaginez qu'un jour une femme présidente décide d'inscrire dans la loi (avec un petit 49.3) que les salaires des hommes en couple doivent être perçus par la femme. Que les femmes doivent donner leur accord pour chaque contrat qu'ils signent et pour les médecins qu'ils consultent. Bah peut-être qu'ils comprendraient que ça, c'est pas la justice et que ça, bah c'est juste pas normal.
Vous ne croyez pas que ça laisse des traces ?
Ces femmes disparues des manuels scolaires
Ce qu'on apprend dans l'essai de Titiou Lecoq, c'est qu'on a effacé de l'histoire de nombreux noms de femmes. Et que les manuels scolaires perpétuent cet effacement. On n'y parle que des grands hommes, ce qu'elle explique en conclusion. Voici quelques exemples cités dans ce livre.
"Le premier texte écrit par un auteur identifié et revendiquant son identité date de 2300 ans av. J.-C. et figurez-vous que cet auteur est une femme". Il s'agit d'Enheduanna.
"Peut-on sérieusement envisager de ne pas évoquer la grande Brunehaut (546-613) ? La première reine de France, celle qui a dominé les territoires francs pendant près de quarante ans et qu'on a - vous commencez à connaître la rengaine - complètement oubliée ?"
Parce que ce billet doux est déjà assez long, je vais lister le nom de certaines femmes présentées dans cet essai : Atalante, Alix la Burgotte, Louise Michel, Charlotte Corday, Pauline Rolland, Catherine Bernard, Artemisia Gentileschi, Pauline Léon, Etta Palm, Emilienne Moreau-Evrard et tant d'autres ainsi que des historiennes citées dans ce livre.
Ps : on sait très bien qu'on s'agite pour rien parce que, au final, les chats finiront par dominer le monde... La preuve en image.
Ces dates à retenir sur la condition des femmes en France
L'autrice fait une petite liste à la Prévert des dates à retenir. En voici quelques-unes :
L'article 324 du Code pénal qui rend légitime le crime passionnel, ou le meurtre d'une femme adultère a été supprimé en 1975.
"En 1514, la coutume officielle du Poitou introduit l'incapacité juridique des femmes mariées : elle ne peut plus signer de contrat sans l'assentiment de son mari. Elles perdent des droits, à l'héritage par exemple".
"1487 est une date malheureusement importante pour l'histoire des femmes. C'est celle de la publication du Malleus maleficarum, le 'Marteau des sorcières', un livre abominablement misogyne..."
La règle de l'accord de proximité issue du latin a été modifiée par l'Académie française au XVIIe siècle. Brusquement, il a été décidé que 'le masculin l'emporte sur le féminin peu importe le nombre'."
Le 30 avril 1793, un décret vire les femmes de l'armée.
Le 30 octobre 1793, les clubs de femmes sont interdits.
"Le 23 mai 1795, les députés votent une loi stipulant que les femmes n'ont plus le droit de s'attrouper à plus de cinq sous peine d'arrestation."
Jusqu'en 1907, le mari perçoit le salaire de sa femme.
Il faudra attendre 1985 pour qu'une femme travaille à la Bourse.
Le 21 avril 1944, les femmes françaises deviennent enfin électrice et éligibles. (A noter : les femmes d'Outre-mer ou en Algérie ont eu le droit de vote plus tard.)
La magistrature est ouverte aux femmes en 1946.
En 1967, la pilule est autorisée de manière très encadrée.
En 1974, une première loi légalise l'IVG. Le vote définitif aura lieu en 1979, et le remboursement par la Sécu en 1982.
Citations de Pourquoi l'Histoire a effacé les femmes de Titiou Lecoq
"Nos propres biais font toujours relier art et homme, puissance artistique et masculinité."
"L'invisibilisation de la vulve est un phénomène récent."
"Au Néolithique, on assiste à une augmentation générale des violences et au développement des inégalités."
"Si le patriarcat l'emporte alors, c'est parce qu'il porte dans son essence même le fait d'écraser les autres régimes, de réduire à l'impuissance l'altérité. Il ne peut co-exister pacifiquement."
"Le premier auteur connu de l'humanité est une femme, et on n'en parle jamais."
"On se construit en tant que femme ou homme ; il ne s'agit pas d'une simple donnée biologique, mais d'un lent accomplissement social."
"Savoir quelles histoires ont disparu est aussi intéressant que de connaître celles qui ont survécu."
"Penser que Jeanne d'Arc est exceptionnelle simplement parce qu'elle est une femme, c'est oublier toutes les autres chevaleresses qui ont défendu leurs terres en portant l'armure."
"La haine des femmes est au coeur de la pensée d'une partie des intellectuels de l'époque, elle structure leur conception du monde. Ce n'est pas une erreur, mais un de leurs piliers."
"Les chasses aux sorcières connaissent leur paroxysme entre 1560 et 1630, où elles virent aux féminicides de masse."
"La création de l'Académie française est pour beaucoup dans la grande entreprise de masculinisation du français."
En citant Bonapater "La nature a fait de nos femmes nos esclaves." Il écrivit aussi : "la femme est donnée à l'homme pour qu'elle lui fasse des enfants ; elle est sa propriété comme l'arbre à fruits est celle du jardinier."
Je découvre que pour Bonaparte, je suis une esclave pour faire des enfants, comme un arbre à fruit, puis-je au moins choisir lequel ? Un pommier ? Un cerisier ? Un grenadier ? Un bananier ?
"Quelle société pourrie (au XIXe), où l'on vous dit que vous êtes obligée de coucher avec votre mari même si vous n'en avez pas envie et, en même temps, qu'en agissant ainsi vous devenez impure."
"Le grand promoteur en Europe de la castration féminine s'appelait Alfred Hegar (...) on pratiquait également l'excision. Hegar et ses confrères mutilèrent des milliers de femmes, mais au nom de la science, s'il vous plaît. On pensait que l'ablation du clitoris, la clotridectromie, permettait de soigner les femmes hystériques, masturbatrices et migraineuses."
"Nous ne sommes pas à l'abri d'être de nouveau effacées."
"Chaque génération de féministes semble condamnée à la répétition, à cause de l'effacement, de l'oubli du travail de celles qui l'on précédée."
"Elles veulent être reconnues comme des égales.
Et cela, c'est le féminisme."
"Nous baignons dans une société qui nous tient un discours contradictoire. A la fois, on nous rabâche que l'égalité femmes-hommes est déjà là (...) et en même temps que l'inégalité est naturelle."
"L'école fabrique activement de l'inégalité entre les filles et les garçons."
D'autres références sur la condition féminine
Vous pouvez visionner le film Call Jane, sur l'avortement aux US ou encore Une affaire de femmes sur l'exécution de Marie, une femme qui aidait d'autres femmes à avorter sous le régime de Vichy.
Vous pouvez également lire tous les textes de Gisèle Halimi sur la question de l'avortement dans "La Cause des femmes". Vous pouvez aussi vous plonger dans la pensée de Chimamanda Ngozi Adichie dans ses manifestes féministes. Vous pouvez également vous frotter à l'écriture de Virginie Despentes, personnellement, je la comprends, mais je suis moins à l'aise.
Dans certains romans, et aussi dans la vraie vie, on voit bien à quel point l'asservissement de la femme asservit aussi certains hommes. Je pense au livre "En censurant un roman d'amour iranien" de Shahriar Mandanipour. Car libérer la femme, c'est aussi libérer les hommes de cette virilité factice et intenable.
Je vous conseille aussi de lire Alice Zeniter, sur la place des femmes dans la littérature avec son texte, "Toute une moitié du monde" ou encore Annie Ernaux avec son livre "L'événement" sur son avortement clandestin. Elle laisse ainsi une trace de l'interdiction d'avorter.
Enfin, je vous recommande de regarder le film "La nuit du 12" sur un féminicide non élucidé qui a raflé 6 statuettes aux Césars de cette année. Ce qui en dit long sur la tension actuelle sur la condition des femmes et la violence qu'elles subissent, dans les foyers et dans la rue. Car la violence ne diminue pas.
Alors merde (oui, merde), les femmes, ce ne sont pas des petites choses qui ont besoin qu'on les protège d'elles-mêmes, ce ne sont pas des êtres dénués d'intelligence, des butins de guerre. Elles peuvent choisir d'être mère ou non. Elles peuvent ne pas avoir l'instinct maternel aussi. Elles sont libres d'aimer qui elles veulent, d'être seules ou accompagnées. Elles doivent pouvoir avoir accès aux soins dont elles ont besoin sans l'aval d'un homme, aux postes qu'elles veulent avec un salaire égal à celui d'un homme. Sur quoi se basent ces inégalités qui perdurent, si ce n'est sur une discrimination du genre?
Il y a encore beaucoup de boulot pour faire évoluer les mentalités. Et le but du féminisme n'est pas de dresser les hommes (désolée pour ce terme) contre les femmes, mais de les unir pour avancer, ensemble.
La femme émancipée n'a pas à faire peur.
Ce n'est pas une sorcière qu'on peut massacrer sur la place publique, maintenant il y a des lois qui interdise qu'on s'en prenne trop à elles.
Ce n'est pas une femme qu'on va tondre avant de l'exécuter et pour l'humilier.
La femme est trop souvent violée, battue, pour évacuer cette virilité mortifère. Cette violence en dit long sur la société. Et on veut enfermer les femmes dans un rôle commode pour certains hommes, pas pour tous.
Heureusement, il existe des hommes qui comprennent les enjeux des débats sur l'égalité homme/femme et qui ne s'insurgent pas quand on prononce le mot "féminisme". Bien entendu, on comprend en fonction de son prisme, de son vécu... Raison pour laquelle il faut se documenter, se nourrir des avis des uns et des autres, les écouter au lieu de les juger. Le but est de réussir à vivre en harmonie. Puissions-nous réussir à nous comprendre un jour.