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Photo du rédacteurMarion Marten-Pérolin

Les livres et la lecture, nos meilleurs amis

Pourquoi la lecture nous emporte-t-elle si facilement dans un autre monde, délaissant, pour quelques heures, la réalité pour la fiction ? En nous plongeant dans ces histoires, inspirées de faits réels ou non, en imaginant ces passions, les personnages, ces épopées, ces nouveaux horizons, on en apprend parfois beaucoup sur nous-même. Raison pour laquelle la lecture et les livres sont si précieux...

J'ai récemment lu dans Ouest-France un papier original. Le titre m'a tout de suite donné envie de cliquer puisqu'il posait la question suivante : Pourquoi les livres sont-ils nos meilleurs antidépresseurs ? Eh bien en voilà une bonne question ! Dans cet article, il est question de livres qui dénouent en nous des noeuds, qui nous ouvrent un champ sur nos émotions, qui nous en apprennent plus sur la vie et sur le monde qui nous entoure. Mettre des mots sur des émotions, les ressentir en lisant une ligne... Rire, pleurer, s'énerver : n'avez-vous jamais ressenti des émotions en lisant un livre ?


Récemment, j'ai pleuré à la lecture d'Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie. J'ai été tellement émue par cette histoire d'amour, par la détresse d'un des personnages, qui vivait une vie qu'il aurait dû aimer... A d'autres moments, j'ai ri bien entendu, et faire rire un lecteur me semble vraiment quelque chose de merveilleux. J'ai également aimé découvrir une autre culture, voyager un peu partout en Amérique ou à Lagos sans bouger de chez moi, me laisser porter par les descriptions de l'autrice...


Lire, ressentir, se souvenir


Si les livres nous soignent, c'est parce qu'ils ont ce pouvoir de nous porter plus haut, plus loin. Parce que les écrivains posent des questions, essayent d'y répondre. Parce qu'ils nous montrent une vérité universelle en nous contant une histoire particulière.


Qu'il s'agisse de parler d'amour, de deuil, de guerre, ou de tout autre sujet, les livres nous guident. Ils posent des mots sur ce que nous n'osions peut-être pas formuler. La lecture de La vie clandestine de Monica Sabolo a eu sur moi un effet explosif. Je lisais l'enquête sur Action Directe, j'en apprenais sur une époque et je découvrais la vie de famille de l'autrice et son drame familial. Son besoin de se reconstruire, mais aussi d'écrire, de ne plus se taire. Comme si l'écriture permettait d'évacuer (en partie) ce qui fait mal.


Les livres traversent les âges, ne prennent parfois pas une ride. Que l'on soit dans le métro (ce que je déteste), dans son lit, au bord de l'eau ou dans un jardin, on est littéralement aspiré par l'oeuvre. Qu'elle soit longue ou courte (l'histoire), l'intensité reste la même. Comme une collectionneuse, je bouquine, j'étudie, j'analyse les structures des livres et je me décharge d'un peu de chagrin au fil des pages et je m'émancipe. On parle de l'effet cathartique de la littérature, du théâtre... Il est réel. Alors il faut lire. Nourrir son esprit de toutes ces créations. Faire preuve de curiosité...


Une fois le livre terminé, on a ce sentiment de perte. Comme si l'aventure prenait fin. On aurait parfois aimé prendre un peu plus de temps, savourer chaque page. Certains, ou plutôt certaines, comme Alice Zeniter, lisent plusieurs fois le même livre pour en cerner chaque nuance.


Je note les citations pour me souvenir, pour faire durer ce sentiment presque amoureux, ce partage de la beauté des mots, des idées. Les livres sont une sorte d'antidépresseurs, car ils nous aident dans une forme d'évasion, nous apportent des clés pour comprendre une situation, nous changent les idées... On ne brouille plus du noir, on décrypte des lignes, des lettres, des sentiments, et on s'identifie plus ou moins à certains personnages.


Les contes, les témoignages, les romans, les enquêtes...


Quelle que soit la forme que prend le livre, un conte, une enquête, une biographie... Il a cette force de nous élever vers le sujet. De nous rapprocher parfois de notre propre histoire. Pendant les confinements, lire de la tragédie grecque était même recommandé par Harvard ! Riches d'enseignement, les écrits de Sophocle (par exemple Antigone) ou d'Euripide (Médée...) reviennent sur des inclinations humaines, parfois surhumaines, sur les grands sentiments d'injustice, sur la violence, sur la fatalité... Ils nous montrent la cruauté, la douleur et nous en éloignent.


Dans les contes ou les fables, on invite le lecteur dans un monde extraordinaire, avec des oiseaux où des plantes qui parlent... L'auteur cherche une morale, une chute à son histoire pour que l'on conserve en nous, le souvenir de cet enseignement et éventuellement, qu'on le transmette.


Les livres nous donnent des armes. Ils donnent aussi une voix à ceux qui ne peuvent pas toujours s'exprimer, je pense ici aux écrits d'Annie Ernaux sur la cause des femmes, mais aussi aux enquêtes de journalistes, celle de Mathieu Palain sur les violences conjugales ou encore à celle de Delphine Minoui sur les passeurs de livres de Daraya pour ne citer qu'eux.


Une demie-heure de lecture peut apaiser les coeurs blessés, plusieurs mois de collecte de beauté littéraire peut soigner. Bien entendu, le titre de l'article est un peu fort, puisqu'on ne peut pas remplacer des antidépresseurs par des livres. En revanche, on peut remplacer les réseaux sociaux, sources de tant de maux, ou du moins en limiter l'utilisation, par plusieurs heures de lecture hebdomadaire... C'est bien plus vertueux.


Bien entendu, il y a des livres qui nous marquent moins que d'autres, qu'on oublie plus vite, mais on peut se souvenir de l'état dans lequel on était, de l'envie qu'on avait, affiner nos goûts littéraires aussi... Bref, je pense sincèrement que la lecture peut aider à aller de l'avant, mais il faut trouver les bons livres, les bons auteurs et ne jamais cesser de chercher...

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