On ne naît pas soumise on le devient de Manon Garcia : citations d'un essai philosophique féministe
- Marion Marten-Pérolin
- 31 juil. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 janv. 2024
On ne naît pas soumise on le devient de Manon Garcia est un essai philosophique publié en 2018. Il s'agit d'un immense hommage (certaines pourraient le décrire comme un "femmage") à Simone de Beauvoir et son célèbre livre "Le Deuxième Sexe" paru en 1949... Voici des citations et des informations à retenir sur cet essai féministe sur la soumission, volontaire ou subie et une belle introduction au texte de Simone de Beauvoir pour celles qui ne l'auraient pas lu.

Manon Garcia marche sur les pas de Simone de Beauvoir avec cet essai sur la soumission des femmes. On ne naît pas soumise on le devient de Manon Garcia est un texte philosophique et féministe qui s'intéresse à la différence entre soumission et domination et à l'éventuel plaisir ou bénéfice de la soumission.
Le texte fait un peu plus de 200 pages et retrace l'évolution du rapport des hommes aux femmes à l'aliénation de ces dernières. Elle estime que la notion de domination est comprise, mais que celle de la soumission reste un angle mort dans les textes féministes. Récemment, j'ai lu avec frénésie de nombreux textes féministes, notamment ceux de Mona Chollet, de Victoire Tuaillon, de Chimamanda Ngozi Adichie ou encore de Titiou Lecoq. Il ne faut pas oublier la précieuse Gisèle Halimi qui a également nourri la pensée féministe et oeuvré pour les droits des femmes... avec Simone de Beauvoir justement !
Un texte sur la philosophie beauvoirienne
Le titre est bien entendu très accrocheur. "On ne naît pas soumise, on le devient", fait écho à la célèbre phrase de Simone de Beauvoir : "On ne naît pas femme, on le devient."
Tout au long du livre, Manon Garcia dont je n'ai lu qu'un texte publié dans le livre 23 penseuses pour 2023 Philosophie Magazine, revient sur l'approche de Simone de Beauvoir pour répondre à la question "Qu'est-ce qu'une femme?". Elle y évoque les inspirations de la philosophe qui n'était pas toujours en accord avec Sartre, dont elle partageait la vie.
Pour celles qui hésitent à lire "Le Deuxième Sexe", cet essai peut vous motiver ! En revanche, il est en deux tomes et fait plus de 1000 pages... Il faut donc bien s'accrocher. Il est sur ma liste de lecture, et poireaute dans la catégorie "féminisme" de ma bibliothèque.
Sur la soumission, elle estime qu'elle n'a pas été construire comme étant "contre-nature". Au contraire. On attend de la femme une certaine soumission, aux hommes et on attend d'elle qu'elle reste à sa place. Elle semble donc à priori naturelle, morale et normale. Mais arrive un problème philosophique majeur : celui de la liberté. L'autrice invoque alors Rousseau pour qui nul ne peut se soumettre en raison du fait que tous les hommes sont égaux. La soumission serait donc : immorale. Mais le paradoxe est que ce même philosophe propose une éducation pour les garçons et une autre bien différentes pour les filles. Ce qui montre bien la différence de traitement des uns et des autres.
On ne naît donc pas soumise, on le devient car on arrive dans un monde qui attend de nous, les femmes, certains comportement certains attitudes. Certaines soumissions sont subies, mais il serait inexact d'affirmer que certaines n'y trouvent pas un intérêt. Cela permet d'éviter de prendre le risque... d'être libre. Voilà en résumé ce que nous apprend ce livre qui distingue bien la domination masculine de la soumission féminine. Les hommes attendent des femmes une certaine soumission. Je pense que le même raisonnement peut s'appliquer aux hommes (même si l'on considère qu'ils sont les dominants, ils deviennent des hommes face aux regards des autres et doivent répondre à certains codes... notamment de virilité.)
Quant à la célèbre phrase de Simone de Beauvoir, "on ne naît pas femme, on le devient" doit être comprise dans le sens où l'on arrive dans un monde construit. Qu'il n'y a pas de nécessairement de "destin féminin". Que tout cela s'inscrit dans un monde fait de rapport économiques, sociaux et politique. Mais il ne faut pas confondre soumission et domination.
Il existe des esquives pour ne pas se soumettre, mais Manon Garcia nous explique aussi qu'il peut y avoir du délice à la soumission. Il n'y a pas forcément d'immoralité ou de mauvaise foi, mais une certaine passivité ou au contraire un attrait pour la soumission. La vraie question relève du consentement. Un sujet sur lequel elle a travaillé en publiant un livre en 2021.
Citations de l'essai : On ne naît pas soumise on le devient de Manon Garcia
Voici une sélection de citations pour mieux comprendre la pensée de Manon Garcia et cet essai.
"Comme tout livre philosophique, il ne cherche pas à donner des réponses toutes faites, mais à montrer la complexité du monde et des expériences vécues."
"Examiner la soumission des femmes aux hommes, c'est étudier la façon dont les hiérarchies de genre dans la société façonnent les expériences des femmes."
"Les machistes sont toujours prompts à conclure que les femmes sont soumises "parce qu'elles aiment ça" et à dénier ainsi les effets structurels de la domination masculine."
"Remettre en cause l'hégémonie du point de vue masculin et étudier le monde du point de vue des femmes permet d'avoir une connaissance plus complète du monde dans lequel on vit."
"La féminité dont la soumission est une des composantes est-elle la féminité de toutes les femmes?"
"Pour comprendre comment fonctionne la soumission féminine, il faut parvenir à tenir ensemble deux niveaux, celui de l'individu, qui fait des choix et qui se comporte de certaines manières, et celui de la société, qui prescrit aux individus des comportements et façonne leurs préférences."
"La féminité est construite par les hommes comme une soumission et les femmes se trouvent toujours déjà dans un monde dans lequel la soumission s'apparente à un destin."
"La situation des femmes est indissociable de l'objectification que le regard masculin leur fait subir."
"Le mot "amour" n'a pas du tout le même sens pour l'un et l'autre des sexes et c'est là une source des graves malentendus qui les séparent" - Simone de Beauvoir.
"Il est possible que la domination masculine conduise les femmes à adapter leurs préférences de sorte qu'elles en viennent à choisir la soumission alors même que ce choix n'est pas objectivement bon pour elles."