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Photo du rédacteurMarion Marten-Pérolin

Réinventer l'amour de Mona Chollet, ces citations à retenir

Réinventer l'amour de Mona Chollet a fait beaucoup de bruit dans le monde féministe lors de sa sortie. Il se transmet de lectrice en lectrice (et peut-être, je l'espère, de lecteur en lecteur). Même si le thème peut être clivant, il remet en cause l'amour hétérosexuel saboté par le patriarcat. Ce livre est plein d'enseignements sur les rôles des femmes (caractérisées par leur prétendue infériorité) et sur celui des hommes (caractérisés par leur prétendue supériorité). Voici des citations à retenir de cet essai de Mona Chollet publié chez Zones en 2021.

Réinventer l'amour de Mona Chollet
Réinventer l'amour de Mona Chollet

Et s'il fallait repartir d'une page blanche pour atteindre le véritable amour ? C'est ce que semble indiquer cet essai : Réinventer l'amour de Mona Chollet. Réinventer l'amour pour le rendre plus libre, plus égalitaire. Pour libérer les hommes et les femmes de leurs carcans.


En s'attaquant à l'amour hétérosexuel, Mona Chollet propose une mise au point sur ce qu'est l'amour d'aujourd'hui, un amour hérité de siècles de domination masculine. Voici une explication sur cette lecture ainsi que des citations.


Mon amour à moi
Mon amour à moi

Comment Mona Chollet compte-t-elle réinventer l'amour ?


Mona Chollet commence par critiquer l'amour hétérosexuel via le prisme des féministes. Elle sonde les coeurs et analyse. Journaliste, elle appuie son propos sur de nombreux textes. Nos convictions peuvent parfois voler en éclats. J'ai un sentiment de dégoût quand je lis le passage où elle cite Yann Moix et sa sortie honteuse sur la femme de plus de 50 ans qui trop vielle à ses yeux, lui, dont on a que foutre de son avis, préfère les jeunes asiatiques. Ou encore celle de Vincent Cassel et sa "Jungle Fever" ou "Negrophile4life". Tellement cliché... La sempiternelle quête de jeunesse et d'exotisme des masculinistes.


En revanche, il faut à tout prix éviter de généraliser : tous les hommes ne sont pas des misogynes violents, même si l'on baigne tous dans une société paradoxale dans laquelle, oui, de nombreux hommes sont violents. Nous avons hérité d'une certaine haine de la femme. Cette société enfume tout le monde, aussi bien dans sa quête de soi et que pour la création de liens amicaux ou amoureux solides. Elle bouleverse nos valeurs et créée des besoins artificiels... Il suffit de regarder ce que font les applications de rencontres aux hommes et aux femmes. Bien entendu, certains trouvent l'amour dans cette botte de foin, mais d'autres, complètement addicts (parce que c'est le but de l'appli hein), n'arrivent plus à se sortir de cette spirale consumériste. Sans parler des réseaux sociaux, qui, même s'ils ont une utilité (des associations peuvent prendre la parole, sensibiliser le grand public, etc.), nous éloignent toujours plus les uns des autres (avec des algorithmes qui orientent nos opinions, captent notre concentration le plus possible pour se faire de l'argent, fabriquent des complexes, ne limitent pas le harcèlement et ne luttent pas contre... Bref, bienvenue en enfer avec des galeries de faux-selfs en pagaille.


L'enrichissement du couple (dans tous les sens du terme), c'est justement d'être heureux chacun dans sa vie pour l'être ensemble. Pourquoi les ambitions masculines seraient-elles plus valables que les ambitions féminines d'ailleurs? La logique ne tient pas. Et la plupart des arguments qui justifient que la femme doit soutenir son homme et pas l'inverse sont fallacieux. Pis, ils sont la marque d'une aliénation (pour l'homme et la femme). Empêcher l'autre, - de s'accomplir, de gagner mieux sa vie, etc. ; est selon moi un appauvrissement (dans tous les sens du terme). Il est donc urgent de le réinventer, cet amour où la femme est appelée à taire ses ambitions, ses sentiments, ses désirs : parce qu'elle est "trop" ceci et toujours "pas assez" cela. Finalement, à y regarder de plus près, peut-être n'est-ce pas que l'amour qu'il faut réinventer, mais la société.


Sur mon lit d'hôpital, fraîchement opérée d'une endométriose profonde et ovarienne handicapante (dont la minimisation par certains est juste scandaleuse), je discutais de ma lecture du moment avec une aide-soignante : Les besoins artificiels de Razmig Keucheyan. Elle s'émerveillait que je lise un bouquin de la maison d'édition Zones en ces termes :

- Mes filles adorent ces livres.

- Elles ont quel âge, vos filles ?

- 16 et 19 ans. Elles sont très investies dans toutes ces questions autour du féminisme. Elles ont lu Sorcières et Réinventer l'amour de Mona Chollet.


C'est épatant d'avoir des clés d'analyse dès cet âge, même s'il ne faut pas tout prendre pour argent comptant. Certains passages sont par exemple très intimes et expliquent les choix de vie de l'autrice, sur le fait de ne pas vivre dans le même logement que son compagnon ou encore sur le fait de ne pas vouloir d'enfant. Ce qui est un choix très personnel.


Je lis ces livres du haut de mes trente ans. Un âge où la rose que je suis est déjà fanée selon notre ami Ronsard et tant d'autres hommes. J'ai déjà dézingué Flaubert pour sa lettre de rupture à Louise Collet, mais sa description de la prostitution en Egypte que cite Mona Chollet est lamentable. Une autre époque me direz-vous.


En tant que femme de 30 ans, je peux dire que certaines relations étaient plutôt subies que choisies et que nombreuses ont été les agressions et les remises en question. Ce qui met à mal l'amour idéalisé, illusoire. Au final, je pense que le problème majeur résidait dans l'incapacité mutuelle à faire couple et à sortir des schémas traditionnels où l'homme fait ce qu'il veut avec ses cheveux et la femme est invitée à se taire. A lui la vie nocturne, les voyages, les conquêtes et à nous la docilité, la frustration et l'attente. Bien sûr, personne ne m'obligeait à rester : j'étais consentante et comme aliénée. Je cochais "toutes les cases", mais je n'étais pas assez ceci et trop cela. Je me pose cette question : pouvons-nous vraiment nous libérer de ces illusions et de ces rôles ? Et en avons-nous vraiment envie ? Pour y répondre, c'est une analyse et presque une introspection que propose Mona Chollet pour réinventer l'amour.



Comment le patriarcat altère les relations amoureuses selon l'autrice ?


Dans ce livre, le lecteur peut découvrir une quête d'authenticité, dans les relations, mais aussi dans le rapport à soi. Ce qui blesse dans les relations, teintées de patriarcat, c'est cette dépendance affective inculquée aux femmes dès la plus tendre enfance. C'est la négation de leurs envies, de leurs besoins. C'est aussi la mise sous silence des sentiments des garçons. Ceux à qui on n'achète pas de journal intime. Ceux à qui on dit de ne pas pleurer. C'est cliché, mais certains hommes ont peur de l'amour. Ce sentiment les rendrait vulnérables.


Certains préfèrent répéter les mêmes histoires amoureuses destructrices (par peur du vide) que de se poser 5 min et de réfléchir à ce qui cloche dans leur rapport aux femmes. Et on peut dire la même chose des femmes. Enchaîner les hommes, ne pas supporter de vivre seule, peuvent être des indicateurs d'un rapport à l'autre biaisé. Le rapport à l'autre, dominant et dominé, hérité du patriarcat, la femme objet qui doit se taire, sourire, se retrouve dans de nombreuses relations. La femme poupée, la femme trophée. L'homme aventurier, libre.


Le patriarcat altère les relations en raison des idées et images dont nous avons hérité de ces années d'asservissement de la femme. Ces années qui ne sont pas si loin, et qui manquent à beaucoup, qui ont placé les hommes au-dessus des femmes, en les maintenant dans la dépendance (notamment économique). L'indépendance permet de choisir de rester ou non dans un couple. Mais ce n'est pas aussi simple que ça. Les relations humaines sont complexes. Et l'amour de soi n'est pas une évidence pour tout le monde. Raison pour laquelle Mona Chollet apporte un éclairage touchant dans ce livre.





Pourquoi l'amour au temps du patriarcat fait mal selon Mona Chollet ?


Mona Chollet cite un passage du Podcast de Mathieu Palain auteur d'une enquête publiée en début d'année 2023 sur les violences conjugales, Nos pères, nos frères, nos amis - Dans la tête des hommes violents, notamment sur la question des femmes dont la situation professionnelle est plus élevée que celle de l'homme dans le couple. Cela dérange vraiment les auteurs de violences conjugales que leur femme "porte la culotte". Il faudrait qu'elle reste toujours inférieure pour que la relation fonctionne. Et ça, c'est mettre l'amour en échec, dès le départ. C'est refuser à l'autre d'être tel qu'il est. C'est empêcher une femme de s'accomplir ailleurs que dans le couple. Et puis, c'est vraiment un raisonnement tout petit rikiki (selon moi). On se demande d'ailleurs ce qui peut bien déranger à ce point. C'est bien qu'un homme, le journaliste Mathieu Palain, pointe le doigt sur la violence des hommes qui semble bien enracinée et qu'il s'interroge aussi sur son rapport à la violence.


Dans "Réinventer l'amour", Mona Chollet fait aussi référence à Victoire Tuaillon autrice de l'essai "Les couilles sur la table" que je n'ai pas encore lu, mais qui est sur ma liste. Elle cite aussi l'amour destructeur de Sophie Lambda qui raconte sa relation avec un manipulateur dans une BD. Vivre une relation toxique peut être destructeur, même s'il n'y a pas de violence physique. Le silence peut être tout aussi violent, brutal.


La culture du viol est omniprésente dans les esprits. Mona Chollet l'évoque et décrypte un héritage masochiste. Ce mec qui vous met la main autour du cou pendant l'acte alors que vous ne lui avez rien demandé, n'est-ce pas un signe de violence suprême ? Ces vidéos porno bien trash qui enseignent aux hommes le sexe dès le plus jeune âge et qui imprègnent plus tard leurs rapports avec les femmes. Ils seront donc toujours déçus.


Mona Chollet explique ses désirs et rebat les cartes pour que nous comprenions à quel point certains comportements, typiquement masculins ou féminins, peuvent être néfastes dans une relation amoureuse. Dans son essai "Beauté Fatale", elle nous expliquait aussi le rôle de la mode et de la publicité dans cette image mensongère de la femme qui cherche maigreur et jeunesse, ou de certains hommes. Ces publicités qui orientent nos envies, nos désirs. Ce qui fait mal, c'est de se retrouver dans une relation, qu'on n'a pas vraiment désirée et de se faire maltraiter. C'est de ne pas connaître ses envies et de ne pas faire respecter ses besoins.


Mona Chollet prône ici de vivre seule (ou du moins de ne pas en avoir peur), d'accepter sa pleine puissance, ses envies, de se concentrer sur soi. Elle évoque aussi le confinement avec l'éclatement de certaines obligations pour les femmes. Plus de talons, place aux baskets (et les médias s'affolent). J'ai vécu cette période comme un moment doux où je pouvais lire à n'en plus pouvoir et laisser repousser mes sourcils maltraités. Je me suis chouchoutée et j'ai fait le point sur d'anciennes blessures. J'ai aussi mal vécu la solitude et le télétravail acharné. Mais cette période a été bénéfique, même si nous en garderons la marque encore longtemps, que ce soit dans notre rapport au travail ou dans notre rapport aux autres, à la santé, etc.


Citations de Réinventer l'amour de Mona Chollet


"Ne faudrait-il pas examiner d'un peu plus près les mécanismes qui, parfois, nous font tomber amoureuses?"


"La perversité de nos sociétés est de nous bombarder d'injonctions à l'hétérosexualité tout en éduquant et en socialisant méthodiquement les hommes et les femmes de façon qu'ils soient incapables de s'entendre."

"Installer la relation dans la durée implique aussi d'accepter l'autre dans sa réalité d'être humain."


"L'amplitude temporelle d'une relation amicale ou amoureuse est un cadeau inestimable."


"Pour moi, la saveur de l'amour est indissociable du fait d'accorder une place privilégiée à quelqu'un et d'occuper une place similaire dans la sienne, de distinguer l'autre et d'être distinguée par lui."


"Etre captif, ce n'est pas être engagé."


"Notre organisation sentimentale repose sur la subordination féminine."


"L'amour et le couple sont probablement le lieu où nous sommes le plus vulnérables, et où même les mieux armées, même celles qui ont une conscience féministe développée, peuvent se retrouver démunies."


"Le viol conjugal est reconnu par la loi depuis 1992."


"'Etre un homme' implique d'interpréter un rôle, et de l'interpréter conformément à une théorie très répandue du jeu d'acteur (...) 'jouer un personnage comme si tout ce que fait ce personnage était entièrement justifiable'."


"Le monde tourne beaucoup trop grâce au dévouement féminin, et beaucoup trop de gens en abusent. Il serait temps que le dévouement devienne une qualité mieux répartie."

"Notre vision de l'amour est imprégnée d'une culture de mort."


Et de citer Denis de Rougement : "Etre amoureux n'est pas nécessairement aimer. Etre amoureux est un état ; aimer est un acte".


"Dans mon esprit, l'amour vaut la peine, il mérite qu'on lui consacre de la place, du temps, de l'attention, et il semble que ce soit là une disposition plus répandue chez les femmes que chez les hommes."


"Non, les femmes n'ont pas tort d'aimer comme elles aiment, avec audace et courage."


"L'étroitesse avec laquelle deux vies peuvent s'imbriquer, la richesse que peut représenter une relation amoureuse - ou une amitié, ou un lien de sang -, est un miracle à chérir."

"Gagner son indépendance ne signifie pas se passer de relations (sauf si on le souhaite, évidemment), mais plutôt trouver la juste place à partir de laquelle nouer des relations."


"Cette société nous apprend l'addiction à l'amour, avant de nous tourner en ridicule pour cela."



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