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Photo du rédacteurMarion Marten-Pérolin

Sommeil une nouvelle cauchemardesque de Haruki Murakami

Une femme de 30 ans n'arrive plus à dormir. Elle se découvre pourtant de nouvelles ressources, une nouvelle personnalité, de nouvelles envies. Elle change et ce changement échappe à son mari et à son fils. Telle est l'histoire racontée par l'auteur japonais Haruki Murakami dans sa nouvelle "Sommeil". Une nouvelle sur le sommeil et la mort, comme un bilan de sa vie. Voici une analyse et des citations.

Sommeil une nouvelle cauchemardesque de Haruki Murakami
Sommeil une nouvelle cauchemardesque de Haruki Murakami

Quel est le rapport entre le sommeil et la mort ? Murakami tente de l'expliquer dans cette nouvelle intitulée "Sommeil", qui revient sur l'absence de sommeil pour l'héroïne de ce texte. Pendant 17 nuits et 17 jours, elle ne dort pas. Son corps ne réclame pas le repos, bien au contraire. Elle est animée. Comme si elle se découvrait de nouveaux potentiels, une "conscience élargie". Elle ne perd plus de temps à dormir. Elle lit presque s'en s'arrêter.


Pendant ces longs jours sans sommeil, elle lit trois fois Anna Karénine de Tolstoï, puis s'attaque à Dostoïevski, sans que le titre du livre ne soit précisé. Elle renoue avec son moi plus jeune. Cette jeune femme qui lisait en mangeant des tablettes de chocolat. C'est un peu comme si sa vie lui avait entre-temps échappé. A trente ans, elle regarde autour d'elle, sans plus comprendre ses choix. Elle considère les autres, son mari et son fils inclus, comme des étrangers.


L'absence de repos et la lecture dans cette nouvelle


Ce livre ne figurait pas sur ma liste de lecture, pourtant, je viens de le terminer. Une fois encore, il s'agit d'un cadeau de mon frère. Un message subliminal peut-être sur ma boulimie littéraire ? Car dans ce livre, l'héroïne dévore chaque nuit du chocolat et des pages de littérature russe. Cela m'est familier car, parfois, oui, je mange en lisant et je préfère la compagnie des livres à celles de certaines (trop nombreuses) personnes.


Elle sirote du Cognac en relisant Anna Karénine dont il cite un extrait de l'incipit. Ces relectures lui permettent de mieux cerner toutes les subtilités de chaque scène. Ce roman de Tolstoï, je l'ai lu en plusieurs jours, buttant sur le début du livre, en attendant la rencontre des deux amants et cette fin terrible que ne marque pas la fin de l'histoire. J'ai d'ailleurs adoré le film avec Keira Knightley qui m'a donné envie de lire le roman. Les adaptations au cinéma de chefs d'oeuvre peuvent en effet inciter à la lecture.


Le personnage principal et anonyme de cette nouvelle n'a pas de grande passion comme Anna Karénine. Elle ne vibre pas pour son mari. Tout est chronométré et ses journées se ressemblent toutes. Les tâches ménagères, la piscine, les repas du soir. C'est peut-être ce qui déclenche ces nuits sans sommeil. Comme si elle rejetait cette vie, comme si elle attendait que quelque chose se passe. Elle a, à trente ans, une crise de conscience, la seule chose qui lui appartiennent vraiment. Ce qu'elle veut ? La liberté. Comment y arriver, la fin nous le dira sûrement...


Ces citations de "Sommeil' de Murakami


"Je suis à l'intérieur de mon ombre."


"Je pensais que s'il soufflait un vent assez fort mon corps serait emporté jusqu'au bout du monde. A l'autre bout de la terre, dans un lieu totalement inconnu de moi. Et mon corps resterait à jamais séparé de ma conscience."


"Les traces de pas qu'on laisse, tout ça, qui s'en soucie ?"


"Depuis que je ne dormais plus, je me rendais compte à quel point la réalité est simple, à quel point il est facile de la faire fonctionner. C'est la réalité, sans plus."

"Tout ce que je voulais, c'était qu'on me laisse tranquille dans mon coin pour lire mes romans. (...) Mais, par dessus-tout, je voulais garder ma liberté. Tels étaient mes souhaits les plus profonds."


"Les gens vivent enfermés dans la prison de leurs tendances."


"Le sommeil est un régulateur thérapeutique."


"Ma vie, alors, qu'était-ce donc ? Etre usée par mes tendances, puis dormir pour me réparer? Ma vie n'était donc que cette répétition ? Cela ne menait nulle part."

"Je trouve qu'une existence humaine, même si elle dure très longtemps n'a aucun sens si l'on n'a pas le sentiment de vivre."


"La mort, cela revenait peut-être à rester éternellement éveillé dans les ténèbres?"




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